Les données récentes
Nouvelle page : Cafougnette en poème
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Sur cette page : la dernière chaumière de Vertain . Merci à Daniel Doison
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Le poème de Gisèle Houriez
Mémoire en souvenir
des enfants de Vertain 14-18
Pourquoi donc tant de haine, mais aussi tant de crimes
Pour un peuple innocent que l’ennemi opprime ?
Souvenir immortel d’une guerre effroyable
L’an mil neuf cent quatorze, époque inoubliable
Quatre années de souffrances, de combats sans répit
Nos poilus résistant au terrible conflit
Repoussant les attaques d’allemands déchaînés
En survivant tapis dans de sombres tranchées
Malgré la résistance, nous fûmes envahis
En ce mois d’août terrible dans notre Cambrésis
La bataille fit rage : ce fut une agression
Laissant sur son passage peur et désolation
Le monde dut faire face à tous ces geôliers
Et ce fut des centaines, et ce fut des milliers
Prisonniers, déportés, fusillés, disparus
Qui jusqu’au dernier jour s’étaient pourtant battus
Même après cent années l’horreur reste présente
Songeant à notre France laissée agonisante
Inclinons nous ce jour et que l’on vive en paix
Pour que le mot de « guerre » soit banni à jamais
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Personnellement, je suis né à VERTAIN dans cette même rue en 1936 (dans le logement actuel de Daniel DECAUX. Là, il y a eu un autre malheur : la noyade de ma sœur Marie-Antoinette (18 mois) qui est tombée dans une lessiveuse à moitié pleine. Une voisine l’avait gardée et ma mère en avait profité pour aller mettre sécher du linge au grenier. Ma sœur était revenue pendant ce temps sans que la voisine (je suppose) s’en soit rendu compte….
C’est l’année suivante que nous avons déménagé pour nous installer dans la chaumière et 1938 a vu la naissance de mon frère René….
Pour revenir à notre logement : il ne comportait que deux pièces : une cuisine – salle à manger et une chambre à coucher. Un couloir menait à ces deux salles mais aussi à l’entrée, à la cave, au grenier et au jardin (cf. le plan reconstitué ci-après).
Les murs de la cuisine étaient blanchis à la chaux et le sol recouvert de carreaux rouges comme dans le couloir et la chambre. Un poêle à charbon permettait de cuire les aliments et chauffait la pièce. Le mobilier était très restreint ; une table rectangulaire, une petite armoire et un placard creusé dans le mur protégé par un rideau, plus une étagère pour y pendre les casseroles et un porte – manteau.
La chambre à coucher était tapissée, elle comportait deux lits : un pour les parents qui pénétrait dans une sorte d’alcôve et l’autre pour les deux garçons. Une garde – robe et une armoire occupaient les coins du côté de la rue.
Comme dans la cuisine, un poêle était branché sur la cheminée juste à côté de notre lit. Au centre, une table ronde permettait de recevoir les invités lors de grandes manifestations (par exemple : les communions solennelles de mon frère et auparavant de moi-même).
Aucune salle de bains bien sûr ; on se débarbouillait chaque matin à l’aide d’un bassin disposé dans le couloir juste à côté de la descente de cave ; pas d’eau courante chez nous et nous remplissions des seaux d’eau à la fontaine installée juste en face de la maison mais de l’autre côté de la rue. Pour la toilette hebdomadaire, le samedi, ma mère faisant chauffer un chaudron d’eau et c’est comme cela qu’on se lavait.
Quelques mots de la cave : nous y conservions les pommes de terre récoltées dans le jardin, les carottes et autres légumes mais aussi les bouteilles de petite bière, quelques autres de vin et également le charbon qu’on nous livrait. Cette cave servait en plus de refuge en cas d’orage, ma mère avait tellement peur que le toit de chaume s’enflamme qu’elle nous faisait descendre dans ce sous-sol. Etait-ce vraiment une sécurité ? J’en doute encore.
Le grenier lui, sous la paille avait un plancher grossier recouvert de terre, on s’y hasardait rarement car on craignait d’enfoncer les lames vermoulues. C’est en montant à ce grenier qu’une fois j’ai eu la peur de ma vie : arrivé au milieu de l’escalier, j’ai vu en haut une bête courir - ça devait être une fouine – j’ai été tellement affolé que je suis tombé à la renverse tête première. Heureusement je ne me suis pas blessé mais j’ai pris la décision de ne plus grimper là-haut.
Derrière l’habitation avait été creusé un puits, il y a très longtemps. On en tirait encore de l’eau mais uniquement pour arroser le jardin. A côté, mes parents avaient fait construire un cabinet couvert d’une planche trouée comme c’était la mode à l’époque. C’était tout le confort dont nous disposions.
J’oubliais, une petite remise qui avait dû être une modeste étable à veaux : nous y élevions des lapins, y rangions notre brouette et les outils de jardin….
Pour revenir à l’intérieur de cette antique fermette, nous ne vivions pas dans le luxe, loin de là. C’est à peine si nous avions quand même l’éclairage électrique : deux lampes, une dans chaque pièce. Pas de cuisinière moderne, ni de machine à laver, ni de réfrigérateur, encore moins de télévision et de téléphone.
Vers mes dix ans, on nous a donné un vieux poste de T.S.F. Quelle joie ! Nous pouvions enfin avoir quelques distractions…. !
Pour conclure et vous prouver que cette chaumière était vraiment très ancienne, à sa démolition vers 1965 j’ai récupéré dans le mur de l’alcôve une pierre de calcaire datée : 1690…
Je pense qu’à VERTAIN, on n’en a pas trouvé de plus vieille.
Daniel DOISON
Daniel